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Violentes émeutes au Pérou

Je le livre ici in extenso un mail que je viens de recevoir.

Mes petite recherches ont confirmé que l’auteur du mail était bien un archéologue qui travaillait sur le Pérou.
Je l’ai reçu via un ami qui a aussi bossé là bas, je n’ai a priori absolument aucune raison de douter de ce qui y est raconté.

Bonjour,
Juste un email pour vous informer de la situation actuelle en Amazonie nord péruvienne.
Jusqu’au 5 juin 2009 et depuis environ 50-60 jours, les différents peuples du nord de l’Amazonie péruvienne bloquaient la route Belaunde, à hauteur de la curva del diablo, entre Corral Quemado et Bagua Grande (ville aussi appelée Utcubamba) ; département d’Amazonas. Cette route est l’axe vital connectant la côte péruvienne et l’Amazonie. C’est aussi l’axe suivit par l’oléoduc nord péruvien.
Ce blocage a une raison, le Décret Législatif 1090 qui met en vigueur la loi Ley Forestal y de Fauna Silvestre. En substance :
Le DL 1090 réduit considérablement la définition de Patrimoine Forestier, laissant ainsi environ 45 millions d’hectares (a peu près 60% de la forêt péruvienne) en dehors du régime forestier, c’est-à-dire pouvant être exploités. De plus, il avalise la Ley de la Selva (Loi 840) qui permet l’acquisition des ressources forestières par le biais de concessions d’initiatives privées et pour une durée pouvant atteindre jusqu’à 40 ans. La superficie concessionnée peut atteindre 40 000 hectares.
Ce décret fait parti d’un paquet de dispositions légales émises par le Pouvoir Exécutif dans le cadre des facultés qui lui sont octroyées pour mettre en application le Traité de Libre Commerce (TLC) avec les Etats Unis.
Ce décret a été reconnu inconstitutionnel par la « Commission de Constitution du Congrès » mais peu importe pour Alan Garcia, l’actuel président du Pérou qui a déjà concessionné une partie des terres concernées à des entreprises d’hydrocarbures canadiennes et chiliennes principalement.
Après avoir fait abstraction de la démocratie en se moquant de la commission constitutionnelle, il restait encore un obstacle à éliminer : les populations natives composées principalement d’Aguarunas et de Huambisas, ethnies appartenant au groupe ethnolinguistique Jivaro, qui bloquaient la route.
Cet obstacle a été éliminé le 5 juin 2009, journée mondiale de l’environnement ; journée foutaise si la preuve en était encore nécessaire.
A 5h du matin, la police a chargé les manifestants tirant à balles réelles sur des centaines de natifs depuis la terre et les airs (hélicoptères). Des tireurs d’élites ont pris position pour éliminer les leaders. Certains prisonniers ont été tabassés, parfois jusqu’à la mort.
Juste après les évènements, le courant a été coupé et les différentes radios réduites au silence dans la ville de Chachapoyas, capitale du département d’Amazonas. La police a empêché le transfert de médicaments ainsi que d’eau et de nourriture. Ces faits me sont connus car j’y étais et participais aux manifestations à Chachapoyas. Cette attitude ne vient que confirmer le totalitarisme dont le gouvernement péruvien a fait preuve lors de ces derniers jours. Aucune nouvelle n’a pu filtrer.
Ajouté à tout ce massacre, l’injustice du mensonge: les télévisions, la presse et les radios nationales font état de 25 policier tués, de 5 natifs et de 4 civils tués.
La propagande étant à son apogée, les 25 policiers tués ne font pas de doute. Mais… 5 natifs morts est un chiffre que l’on ne peut prendre au sérieux. Pour les faits:
La police disposait de blindés, d’hélicoptères, de mitraillettes, de gilets pares-balles, … Les natifs : d’arcs, de lances, de flèches, de machettes et de quelques pétoires. De plus, les hôpitaux de Bagua Chica et de Bagua Grande n’ont pu recevoir la totalité des morts et des blessés par faute de capacité d’accueil. Nombres de blessés ont été transportés jusqu’à Chiclayo, d’autres ont été soignés sur la place centrale de la ville de Bagua Chica.
Des civils ont aussi été tués par les balles perdues tirées depuis les hélicoptères.
Des témoignages de civils rapportent la présence de fosses communes et d’effectifs de la police chargeant les morts dans les hélicoptères et les jetant dans les proches rios Utcubamba et Marañon.
Les chiffres non officiels rapportent plus de 180 morts et plus de 300 disparus.

A l’heure actuelle, le couvre feu a été décrété dans les villes de Bagua Chica et de Jaen. L’interdiction de se réunir, de manifester, a été décrétée à Chachapoyas. De même, la police et les services de renseignement ont carte blanche pour pénétrer chez les particuliers s’ils soupçonnent que ces derniers cachent des natifs.
Ci-joint à ce message quelques photos de ce massacre peut être les avez vous déjà vues car elles circulent sur internet. Pour aider à la diffusion de la vérité, faites circuler ces photos svp.
Vous pouvez voir d’autres photos et des vidéos de ces évènements sur : http://www.youtube.com et taper les mots clés « Bagua Peru ».

J’ai posté les photos sur un document à part qui est consultable ici : http://docs.google.com/View?id=dv89jv3_37chj3jndr

ATTENTION, certaines sont vraiment violentes (blessures par balle, images de passage à tabac)

J’ai aussi trouvé d’autres vidéos sur le sujet : http://probe.20minutes-blogs.fr/archive/2009/06/12/affrontements-bagua-perou-journalistes.html

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