Réformer l’ortografe ?

 

Fin du spectacle de la Place des Terreaux pour les Illuminations 2008

Fin du spectacle de la Place des Terreaux pour les Illuminations 2008

J’ai découvert ce matin une entrevue dans lemonde.fr d’André Chervel. Ce chercheur préconise une réforme de l’orthographe en profondeur pour aller dans le sens d’une plus grande simplification.

Il dresse le constat que l’orthographe devient un facteur de sélection à l’embauche, et qu’en même temps, nos élèves sont moins bon dans ce domaine qu’avant. Loin de jeter la pierre sur l’enseignement (ce qui est, avouons-le, plutôt sympa), il explique cette baisse de niveau par le fait que l’école se préoccupe de beaucoup d’autres choses que l’othographe seule (contrairement au temps où la dictée était l’épreuve reine du certificat d’étude) et que c’est très bien comme ça…

Du coup, il propose une simplification de la langue écrite qui est restée figée depuis 1835.

Il propose notamment la disparition des lettres muettes inutiles, les « h » derrière les « t » par exemple, des « ph » au profit des « f », des « y » qui se prononcent [i] au profit d’un « i ». On écrirait ipotèse plutît qu’hypothèse, par exemple.

Dans la même veine, pourquoi ne pas enlever les doubles lettres qui ne s’entendent pas ? Apeler pour appeler ?

Simplifier les règles aussi : les pluriels prenent un « s », sauf pour les mots se terminant déjà par « s », « x » ou « z »… 

Ma première réaction face à l’article a été extrêmement conservatrice : j’étais à deux doigts de me jeter sur un badge « touche pas à mon français » et descendre dans la rue pour défendre mon « hypothèse » ou mes « haricots »…

Mais en y réfléchissant bien, pourquoi vouloir absolument conserver une langue écrite figée dans du formol ? C’est un peu perdre de vue le but d’une langue : communiquer. La communication s’établissant entre au moins 2 personnes, il est nécessaire d’avoir un code commun. Mais a-t-on besoin qu’il soit aussi compliqué que ne l’est notre orthographe ? À la réflexion, je ne le pense pas… Plus simple, il sera plus aisé à apprendre et à comprendre, il permettra aussi de se focaliser sur d’autres choses plus importantes peut êtres (la formation du futur citoyen, la maîtrise de la compréhension, du geste graphique…) et il ne pourra être un frein à l’embauche ou plus globalement à l’insertion sociale. Car on sait tout de même qu’une bonne orthographe est aussi un marqueur social important.

Du coup, je crois que je vais m’ériger en défenseur d’une simplification de l’orthographe « à la française »…

Et puis, honnêtement, j’ai toujours envié un peu mes homologues castillans qui ont le privilège d’enseigner une langue où « ça s’écrit comme ça se prononce » : une foi le code alfabétique maitrisé, il est quasimen impossible de faire des fotes d’ortografe.

13 Commentaires

Classé dans Au jour le jour, École

13 réponses à “Réformer l’ortografe ?

  1. Icila

    J’ai d’abord réagi comme toi, d’autant plus que c’était le sujet d’une discussion hier avec un vieux sage que nous adorons.
    Ca fait très mal mais en y réfléchissant pourquoi pas si l’on peut sauver la langue et sauver les élèves.
    Mais attention on parle bien ici d’orthographe et non de grammaire et de conjugaison. Et c’est là que le bât blesse car ces fautes sont les plus visibles et les moins pardonnées.

  2. je suis une handicapée de l’orthographe (de la grammaire et conjugaison aussi)et cela me perturbe énormément, cela me gène de ne pas spontanément écrire sans faire de fautes, ça n’est pas naturel du tout chez moi, je complexe de plus en plus et quand je me relis j’ai l’impression de trouver une faute dans chaque phrases je me met tellement la pression que je ne suis plus certaine de rien, c’est l’horreur mais je me soigne…..j’ai un petit dico à porté de main….parfois je change ma phrase ou je cherche un autre mot que je sais écrire et qui veut dire la même chose….bref….je trouve que le français est une langue très compliqué à écrire…..un truc que je voudrais que l’on supprime immédiatement ce sont les accents 🙂
    PS : j’ai pris la même jolie photo hier à Lyon 🙂 ce tableau place des terreaux est MAGNIFIQUE !!

  3. Bonjour Icila et Mamoune, ça fait plaisir de vous trouver là !
    @Icila Je suis d’accord, mais je me dit aussi que si on enlève cette limitation orthographique, ben on a plus de temps pour le reste, non ? (enfin, on va dire ça comme ça…)

    @grain de sel Ben les accents, là, euh, comment dire… Ils servent un peu, quoi, je suis désolé ! Eux là, ils sauteront pas, tu peux en être sûre !
    Sinon, bien d’accord pour le tableau des Terreaux, ça faisait longtemps que j’en avais pas vu d’aussi bien… Les applaudissements à la fin de chaque représentations le prouvent bien, non ?
    Tu as vu le Parc de la Tête d’Or ? C’est assez chouette aussi ce qu’ils y ont fait !

  4. Je viens de lire l’article aussi et je ne sais pas trop bien où me situer. Bien sûr, notre langue est vachement compliquée mais personnellement, pas question d’écrire un jour « filosofie » ! Je crois que je suis une terrible conservatrice de l’orthographe… Les fautes me font dresser le poil (bien que je reste très tolérante, y compris pour les adultes!) mais je pense que trop de simplifications nuiraient à une certaine beauté de la langue. Je ne sais pas, c’est complexe cette histoire… Et puis il y a tellement longtemps qu’on en parle sans en voir les effets, je pense que ce n’est pas encore pour demain…! 😉
    Sinon, d’accord avec le spectacle Place des Terreaux, merveilleux (et le Parc de la Tête d’Or aussi!)

  5. @septentria Moi aussi, ça me choque un peu, en fait, d’écrire « filosofie », mais bon, c’est peut être aussi une question d’habitude, non ?
    La question de la richesse de la langue me taraude depuis que j’ai lu cet article. Je me dis que la langue ne changera pas vraiment, seulement la manière de la traduire à l’écrit : même écrits différemment, les mots gardent leur sens, leur rythme, leur beauté.

  6. Michelle Chanonat

    ben oui, supprimons tout ce qui demande le moindre effort ! Nos chères têtes blondes ne sont même plus capables d’apprendre la règle de «tous les verbes qui commencent par ap prennent deux p sauf…» ? Sans blague ?Ça les fatigue ?
    Le nivellement par le bas…
    Que fait-on de l’étymologie, si on écrit ipotèze ?
    Et pourquoi pas ypotez ? Qui fixera les nouvelles règles ?
    Encore une fois, on va jeter aux orties ce que l’on considère comme des vieilleries, et on va s’apercevoir dans quelques temps que c’était une connerie.
    Je suis fondamentalement opposée à la réforme de l’orthographe : l’origine et l’histoire des mots font partie de notre patrimoine, de notre culture, de notre identité. Tant qu’on y est, puisque les conjugaisons sont tout autant difficiles à apprendre, pourquoi ne pas parler à l’infinitif, hein ? Pratique, l’infinitif ; ni passé, ni présent, ni avenir.
    Ben moi pas vouloir.

  7. Ahhhh, je n’en attendais pas moins de toi, ma mère !
    En ce qui concerne les nouvelles règles, ben il y a un organisme dont c’est justemment le rôle : l’Académie Française, créée justemment pour édicter les règles du bon français. Bon, certes, comme il est de notoriété publique qu’ils ne servent à rien, j’imagine qu’une commission composée de chercheurs sera chargée de ce travail…
    En ce qui concerne la conservation de l’étymologie (ou plutôt étimologie), je ne pense pas que l’argument soit recevable : la langue a justemment évolué en se débarrassant des structures compliquées héritées de moments où les règles, justemment, n’étaient pas fixées. Un nouvel abandon (ou une nouvelle avancée, tout dépend du point de vue), ne serait pas illogique au regard de l’histoire de la langue. De plus, on étudie toujours de l’ancien français, on sort des dictionnaires historiques de la langue française qui sont très amusants à lire et découvrir… Il suffira juste d’ajouter un paragraphe !
    Si je vise l’efficacité et la raison d’être d’une langue, cette réforme me semble logique, dans le fond.
    Et j’irai même plus loin, je serais assez dérangé si le « bon » écrit ne devenait accessible qu’à une certaine élite orthographique : ne serait-ce pas au fond que du snobisme ?
    Niveller par le bas ? Je ne sais pas, j’y vois plutôt une chance offerte à la plupart de décrisper une relation tendue à l’écrit à cause de règles trop strictes et parfois absconses…

  8. Bon, j’arrive un peu après la guerre, mais je voulais aussi participer à ce petit débat !
    Pour ma part, je suis assez d’accord avec Septie et Michelle. Je pense que réformer l’orthographe avec une telle profondeur n’est pas une bonne chose.
    Tout d’abord par respect pour l’etymologie et pour les de siècles d’histoire de cette langue et de celles qui ont précédées. (Et puis, si on ne connait pas le sens du mot « philosophie », on peut le déduire de son étymologie, ce qui n’est pas le cas pour « filosofi »)
    Ensuite, parce que deux choses qui se prononcent de la même façon mais s’écrivent différement n’ont pas forcément la même signification. Le meilleur exemple est la confusion entre infinitif et participe passé : « j’ai mangé » et « j’ai manger » n’ont pas du tout le même sens !
    Enfin, apprendre l’orthographe permet de former l’esprit. Une simplification extrême supprimerait toute structure. Je pense que tu le vois mieux que moi : un esprit qui comprend mal et maîtrise mal la langue a du mal à se structurer et aura plus de chances d’avoir des difficultées dans d’autres matières.
    Cependant, je ne suis pas contre des simplifications qui facilitent la vie (même de ceux qui maîtrisent l’orthographe) tout en respectant l’étymologie.
    Pour conclure, je rappellerai qu’étymologiquement, « orthographe » signifie « la juste façon d’écrire », donc par définition, il n’y a pas de laxisme possible avec l’orthographe, sinon c’est son abolition !

  9. rien à voir à voir avec ce débat fort intéressant et constructif….@ rampa et snoow : je vous signale que samedi nous faisons un repas de noël entre bookcrosseurs……vous ne voulez vraiment pas vous joindre à nous ????
    http://www.bookcrossing.com/forum2/17/5823000/24
    allez quoi ça me ferais tellement plaisir de vous revoir…..

  10. Michelle Chanonat

    «Le bon écrit accessible à une élite» ? Ben non, c’est pas ce que je voulais dire. Le bon écrit doit être accessible à tous : mais pour cela, il faut l’apprendre !
    Moi je parlais de la valorisation de l’effort et du travail. Depuis quelques années, on a privilégié le ludique pour apprendre, à croire que les enfants sont obligés d’apprendre en s’amusant. Ben non, c’est pas comme ça que ça se passe dans la vraie vie. Quand j’ai appris à faire du vélo, c’était difficile (quand j’ai appris à cuisiner aussi, d’ailleurs…).

    Apprendre demande un effort, et ce quel que soit l’apprentissage. On va leur enseigner quoi, avec cette réforme ? Que tout est fastoche ?
    Mais il faudra quand même apprendre comment s’écrit filozofi.
    De toutes façons, cette histoire de réforme revient régulièrement sur le tapis depuis que je sais lire, sans avancer pour autant… Quoique… Quand je lis les textos et autres sms de nos chères têtes blondes je pense qu’on est carrément largués, avec la réforme : elle est déjà faite, et sans l’Académie !
    Commençons d’abord par parler le français comilfo ! Et par remplacer e-mail par courriel, ce serait déjà pas si mal…
    À bon francophone, salut !

  11. coucou rampa 🙂
    voici l’adresse du resto pour samedi :
    20h30 aux Marmottes 261 rue de Vendôme, dans le 3eme.
    Comme c’est noël nous avons décidé que nous allons nous faire un petit cadeau (5 euros maximum) il faut l’emballer, on les mettra dans un sac et après chacun piochera son cadeau !!
    donc à samedi, c’est cool !! 😀

  12. @grain de sel : à samedi j’espère !!

    @michelle je ne pense pas que ce soit dévaloriser l’effort que de vouloir simplifier. Ici, il s’agit, comme ut le montres toit même, de sactionner aussi un fait : la langue a évolué.
    La simplification permettrait de dégager « du temps de cerveau » ( 😉 ) pour autre chose que la correction orthographique pure et dure : la correction grammaticale par exemple (cf Icilla) et tout plein d’autres matières qui sont négligées au profit d’une orthographe très chronophage.
    Si je suis enseignant, c’est avant tout parce que je pense que l’école peut et doit former de futurs citoyens pensants et agissants dans leur société. Et la correction orthographique n’est pas absolument nécessaire pour ça. Alors quoi, discriminer ceux qui font des fautes et qui sont de plsu en plus nombreux ou plutôt enlever ce qui est en train de s’ériger en bloquage ?
    Pourquoi ne laisserions nous pas évoluer notre langue comme le Castillan l’a fait ?
    Il est certain que si une telle réforme passe (et tu précises avec justesse que ce ne sera certainement pas demain la veille !), nous serons des dinosaures, car je nous vois mal abandonner notre philosophie pour filosofie comme ça !!
    Mais l’enseigner ne me posera assurément aucun problèmes !!!!

  13. Pour termine,r je me dois d’ajouter que, pour mon grand malheur, réformer l’orthographe ne règlera pas mon problème chronique avec les fautes de frappe !

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